Cette technologie n'est pas prête de tomber entre de mauvaises mains car il ne s'agit pas d'une seule technologie mais d'un ensemble de technologies indispensables et tres complexes: pointeur laser brulant de haute énergie, miroirs déformables, senseurs de front d'ondes, ordinateurs de calculs en temps réel.
Début de scandale ou simple déception du perdant? En tout cas, jeudi soir, certains membres de la Russie, éliminée dès les phases de poule après son match nul face à l'Algérie (1-1), n'ont guère apprécié un fait de jeu bien précis qui s'est déroulé au cours de la rencontre. Et n'ont pas hésité, sous le coup de la déception, à le faire savoir. Fabio Capello en tête. Le clan russe n'incrimine pas son gardien de but, Igor Akinfeev, coupable d'une mauvaise sortie sur le but égalisateur de Slimani en deuxième période et synonyme d'élimination. Bien au contraire.
«Notre gardien a été gêné par un laser 10 secondes avant le but, s'emporte le sélectionneur italien de la Russie. C'était en plein visage, il a été aveuglé, il y a des photos, des films. J'accepte les défaites. Mais il y a des images, on peut le voir sur l'enregistrement. Ce n'est pas une excuse, c'est un fait. Il y a eu un laser.» Sur les images, on peut effectivement apercevoir un pointeur laser vert puissant sur le visage du gardien de but au moment du coup-franc. Reste à savoir si cela fut déterminant dans sa sortie aérienne.
Côté Algérien, cette thèse fut balayée d'un revers de main de la part du sélectionneur. «C'est la première fois que j'entends ça, avouait Vahid Halilhodzic après la qualification historique des Fennecs à ce stade de la compétition. Je n'ai pas vu les images, je n'ai rien à dire.» Et l'ancien coach du PSG de conclure avec malice: «Ça fera un sujet de discussion pour les gens dans les restaurants ou les bars.»
La France n'a pas de concurrent dans le domaine des lasers de haute puissance (au-delà de 100 TW environ, soit plus de 100 000 mégawatts). Si le plus puissant au monde, Bella, est installé dans un laboratoire américain, à Berkeley, sa construction est à mettre au crédit de Thales. Son seul concurrent est une autre société française, Amplitude Technologies (fondée par… des anciens de Thales).
Cette hégémonie est due à l'excellence de la recherche française en optique. Le concept même de laser rouge de très haute puissance, basé sur la concentration temporelle des faisceaux, fut imaginé par un Français, Gérard Mourou, professeur émérite à l'École polytechnique. Ce dernier est à l'origine du projet européen à un milliard d'euros Extreme Light Infrastructure qui prévoit l'installation d'ici à 2017 de centres d'excellence en Roumanie, en Hongrie et en République tchèque, qui abriteront des lasers construits par Thales et Amplitude Technologies.
Les lasers de très haute puissance ont d'abord un intérêt purement scientifique: la pression générée par cette lumière intense est si forte qu'elle pulvérise la matière, la débarrasse de ses électrons pour former un plasma, et la met en mouvement à des régimes extrêmes. Cela permet de mieux comprendre les processus physiques à l'œuvre dans de telles conditions de température et de pression et de les modéliser. Un savoir très précieux, notamment en astronomie pour analyser certains phénomènes hors normes (naissance des étoiles, trous noirs...).
Ces lasers permettent aussi d'accélérer des électrons ou des protons à des vitesses considérables sur de très courtes distances en créant des champs électriques locaux très intenses sur lesquels ces particules peuvent «surfer». Cela permettrait de remplacer certains accélérateurs actuels, qui nécessitent des tunnels de plusieurs kilomètres pour propulser des particules à très hautes vitesses, par des structures plus compactes. Que ce soit pour étudier les propriétés fondamentales de la matière ou pour des applications médicales (protonthérapie).
En tirant sur des cibles bien choisies, on peut enfin créer des sources de rayonnements X très brèves et très bien contrôlées qui ont de nombreuses applications, que ce soit en médecine, en archéologie ou en physique des matériaux. Sans compter les applications qui restent à inventer. Rappelons que lorsque les lasers sont apparus dans les années 1960, on ne savait pas bien à quoi cela pourrait servir. Cinquante ans plus tard, le laser est partout: transmissions de données par fibre optique (Internet), découpe laser (industrie) ou micro-informatique.