Louis reconnu l'un d'entre eux. C'était un copain de son frère, un gars dont le nom de famille finissait en "ar". Ce dernier vint vers Boihou qui, aussitôt, fit un pas en arrière, le teint subitement livide.
Chavron et le reste de la troupe baissèrent la tête et regardèrent vers le sol, d'un air penaud. Seul, le grand Trémont conservait la même attitude.
- Eh ! J'te connais, toi ? Dit le footballeur, le doigt planté dans le torse de Louis. - Tu serais pas le frangin de Chaudet ?
- C'est exact, c'est mon grand frère ! Déclara-t-il en fixant le groupe de bras cassés, une étincelle de malice dans le regard.
- Moi c'est Ménard, David Ménard. Tu pourras dire à ton frangin de passer demain à la clairière. On a besoin de lui pour le tournoi qui a lieu dans une semaine.
Brusquement, il fit face à Boihu et toute sa clique, l'air menaçant :
- Vous, vous foutez l'camp ! Déguerpissez dare-dare ! Que je ne vous vois plus emmerder le frangin de not'pote, sinon je vous écraserai comme des bouses ! Allez, ouste !
Ni une, ni deux, les quatre loustics firent demi-tour. Décontenancés, ils poursuivirent leur route, nonchalamment, sur le chemin ombragé en direction du mur nord, des puits et des rangées de lauriers palmes, vers la maison abandonnée, celle qui, disait-on, était hantée par l'esprit d'un être étrange que les gamins du centre commençaient à surnommer la Main Verte...
Après avoir remercié Ménard et son copain, un dénommé Joulain, Louis les accompagna du regard pendant un long moment, jusqu'à ce qu'il soient hors de son champ de vision. Il se dit alors qu'il avait échappé au pire et que la chance était de son côté. Dorénavant, il en était convaincu : les miracles existent ! Il venait justement d'en vivre un.