C'est alors qu'elle entendit ce bruit, reconnaissable entre tous. Celui d'une porte que l'on déverrouille et dont l'ouverture se déclenche en émettant un léger grincement.
Bénédicte vit celle qui donnait sur la cuisine et le cellier s'entrouvrir, laissant ainsi passer un léger filet d'air. C'était une invitation implicite. Son fils l'attendait et elle ne devait en aucune façon le faire attendre !
Bénédicte rangea le Luger dans la poche de sa robe de chambre et avança vers cette issue, comme une machine téléguidée...
"Viens, m'man... Viens... Les autres, tous ceux qui m'accompagnent comptent sur moi... Tu ne voudrais pas que je les déçoive ?... Tu ne voudrais pour rien au monde que ton garçon passe pour quelqu'un qui n'a aucune parole ?... Viens et ouvre-nous la porte, m'man... ma petite maman chérie..."
Bénédicte progressait lentement, les yeux grands ouverts et le pas mécanique et évoluait dans la cuisine. Elle longea les fourneaux et passa entre la table de travail et le réfrigérateur et se positionna enfin devant la porte menant quelques marches plus bas, au cellier...
Elle n'entendait pas le remue ménage venant du premier étage, de la chambre où dormait son époux. Ni les bruits de pas qui résonnaient et son prénom que ce dernier appelait, d'une voix inquiète.
"Bénédicte ! Chérie ! Où es-tu ? Béné ! "
Son esprit n'était plus sous son contrôle. Elle ne répondait qu'aux seules injonctions de son fils, mort depuis quatre années, dans un dramatique accident de la route...