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MALROUVE de Ludovic Careau

3/7/2009 - Malrouve I, chapitre 10

 

Son époux et elle s'étaient liés un vendredi 12 mars 1867, à Paris. Elle était la fille cadette d'une modeste famille d'artisans. Il était l'enfant unique d'un rond-de-cuir, de ceux que Georges Courteline avait tant décriés dans ses comédies vaudevillesques.

Elle avait tout juste dix-huit ans et lui vingt-et-un lorsqu'ils se promirent amour et fidélité devant l'autel de l'église Saint-Roch.

Gustave fourmillait d'idées. Brillant ingénieur et inventeur à ses heures perdues, il aimait se lancer des défis, innover et pour ces raisons, il entreprit de révolutionner le monde agricole.

Il avait ce projet fou de rendre une terre que tout le monde savait perdue parce que peu rentable, en un domaine riche et productif.

Il avait imaginé tout un concept révolutionnaire : un vaste complexe de réseaux hydrauliques, de turbines performantes et d'éoliennes pour transformer un sol peu engageant en un véritable Eden !

Il commença par vouloir s'établir en province et demanda conseil auprès de ses amis, ses relations. Un d'entre eux, un certain Henri de Beaumont, l'aiguilla sur sa région natale : l'Anjou. Il lui confia l'histoire d'un très ancien domaine, situé au cœur d'une zone maraîchère, qui ne donnait rien et que personne ne souhaitait acquérir. Terre difficile et rocailleuse, les autochtones ne voulaient pas se tuer à la tâche pour espérer voir un jour, fleurir enfin cette terre en friche, laissée à l'abandon.

Par des techniques modernes et innovantes, le biologiste émérite qu'était Gustave Malrouve, tout juste sorti de la prestigieuse Ecole polytechnique de Paris, parvint à rendre cette terre damnée plus généreuse que certaines.

Il y implanta ses serres et cultiva des légumes, des fruits et autres variétés florales. Son épouse et lui prirent possession d'un domaine que tous fuyaient comme la peste, un lieu particulier nommé Ragaine. Une fort modeste closerie, datant du siècle dernier et bâtie sur les ruines d'un donjon médiéval.

Mais très vite, l'entreprise du couple devint florissante, bien au-delà de leurs espérances !

 


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