Gustave et son épouse, citadins de modeste condition devenus subitement ou presque de fortunés ruraux, attisèrent les envies et les haines. Cette animosité ne venait pas seulement de quelques agriculteurs en mal de réussite. La bonne société angevine louchait aussi sur leur magot qui, ces derniers temps, avait eu cette singulière tendance à tripler de volume...
Quelques uns, parmi cette coterie de favorisés, soupçonnèrent les nouveaux venus d'avoir mis la main, en creusant la terre, sur un trésor caché depuis des lustres. Cela expliquait ce si soudain enrichissement.
Ils ne croyaient pas aux supposées techniques pseudo-scientifiques de ce parvenu.
Mais l'Eglise était de leur côté et se portait garant de ces deux jeunes tourtereaux.
Pourtant, on racontait que certains mystiques pensaient connaître la véritable cause de cette manne fulgurante. Eugénie en faisait allusion sans jamais vraiment approfondir le sujet, au grand dam du lecteur qui, pour le coup, se trouvait être Louis.
Elle évoquait dans son journal ce qu'on lui avait rapporté lors de soirées mondaines que son époux et elle-même aimaient à organiser chez eux, dans leur toute nouvelle demeure.
Ils tenaient tant à convier toute la bourgeoisie locale afin de les voir "saliver" d'envie, comme aimait à le préciser l'auteur même de ces lignes.
Ces rupins aimaient s'y exhiber et parader, histoire de montrer qu'on est toujours là, toujours bien en place dans son rang ainsi que dans sa position au sein de cette impitoyable concurrence sociale.
Lors de ces soirées, de vieilles mégères peinturlurées et parfumées avec excès, y parlaient de gens qu'elles connaissaient intimement. Des individus louches, soi-disant férus de sciences occultes ! Bien qu'Eugénie ne croyait en aucune façon à ce qu'elle nommait des "sottises d'ignorantes", elle prêtait aisément une oreille indiscrète et amusée à ces fadaises.