L'histoire d'Adèle, de son séjour à Malrouve débutait par de petites anecdotes qui, accolées les unes aux autres, suscitaient les pires craintes.
L'écriture de madame Eugénie se faisait plus fiévreuse, plus nerveuse. Elle qui était si enlevée, devenait saccadée et quelque peu maladroite. On eut du mal à croire qu'il s'agissait là du même auteur !
Madame Malrouve remarqua que sa petite fille n'aspirait à son entourage que de la méfiance et même, parfois, de la peur.
Elle n'engendrait que répulsion chez les enfants de son âge, comme ceux de mesdames Lépine et Houdier, pourtant si proches.
On disait la fillette perturbée. On pardonnait ses attitudes dérégulées, mettant cela sur le compte d'une enfance particulièrement éprouvante.
Mais Adèle s'avérait être une adepte des jeux sadiques. Elle passait son temps, seule dans le parc du domaine familial, à torturer de petits animaux, des écureuils ou des passereaux qu'elle capturait à l'aide de pièges diaboliques dont la savante fabrication ne lui fut jamais enseignée !
Elle aimait à rire du malheur de ses camarades de jeu.
Les chiens grognaient, jappaient et aboyaient, babines retroussées, sur son passage. Les chats avaient l'habitude de cracher et de faire le dos rond en la voyant pénétrer dans une des pièces du château...