Louis aperçut, juste à proximité du lit, une table de chevet où le seul ouvrage qui y trônait se résumait à une bible et où le seul ornement autorisé, accroché juste au-dessus de la couche, était un crucifix...
Sur son bureau, bien en évidence, il remarqua les quelques dessins réalisés par la petite. Ils faisaient tous référence au même paysage bucolique qu'il n'eut aucun mal à reconnaître : le domaine Malrouve mais en plus idéalisé, en plus féerique... Couleurs chatoyantes et légèreté des traits, cet univers graphique avait soudainement des allures d'échappatoire. Fuir la grisaille d'un monde vide et sans illusion, s'évader de la sécheresse spirituelle des adultes étaient devenus, pour la petite Anne-Marie, au fil du temps passé dans cette maison, au sein d'une famille abrupte, une priorité absolue, presque un réflexe de survie…
Sur ces mêmes dessins, il devinait des arbres, des conifères et quelques feuillus entourant une maison naïvement croquée que Louis put identifier en se basant sur un détail important : un imposant perron percé de deux orifices noirs et rectangulaires.