Si l' épuration toucha relativement peu la collaboration économique, il n'en fut pas de même pour les intellectuels. Les écrivains et journalistes Paul Chack et Georges Suarez furent les premiers à être condamnés à mort et fusillés. Henri Béraud, prix Goncourt pour "le martyre de l' obèse", n'échappa que de peu au peloton, gracié en raison de l'appui de nombreux journalistes et hommes de lettres. Mais le cas le plus emblématique est celui de Robert Brasillach. Les délibérés du jury peuvent se réduire à cette phrase : VING MINUTES POUR LA MORT. Son procès fut pourtant plus digne que celui d'autres collaborateurs.Rappelons que Lorsque Pierre Laval pénétra dans la salle où il devait être jugé, il fut insulté non seulement par le public composé de la populace des résistants de la vingt-cinquième heure mais aussi par les jurés !
Lui même magistrat, Philippe Bilger revient sur le parcours de l'écrivain et journaliste Robert Brasillach qui fut avant guerre une des signatures phares de l' Action Française. On notera que le commissaire de la République lors de son procès, Marcel Reboul, était locataire d'un appartement dont le propriétaire n'était autre que Jacques Isorni, avocat de l'accusé. Il est évident que les deux hommes se connaissaient et, probablement, s'appréciaient. Fasciste convaincu, Brasillach est demeuré jusqu'au bout fidèle à ses convictions collaborationnistes. Ce qui lui valut la mort fut probablement son talent. Il convient de lire cet ouvrage pour comprendre la personnalité de ce fils de soldat mort pour la France durant la première guerre mondiale. Ses poèmes de Fresnes, écrits dans les jours précédant son exécution, sont dignes de ceux d' André Chénier attendant la mort dans les geoles de la Terreur. Un parcours peut-être dévoyé mais sincère.
20 MINUTES POUR LA MORT de¨Philippe Bilger éditions du Rocher 162 pages 17,90 €
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