Il y a seulement une vingtaine d'années, quand le communisme pesait encore électoralement et intellectuellement, il était sacrilège d'affirmer que le stalinisme avait été un crime au moins égal, sinon supérieur au nazisme en nombre de victimes. Et pourtant la réalité est là, que l'auteur de l'archipel du goulag n'a cessé de proclamer. Avec L' ÎLE AUX CANNIBALES, uniquement basé sur des documents et des témoignages rigoureux, Nicolas Werth nous présente "l'autre goulag", ouvert avant la seconde guerre mondiale, dont les victimes furent souvent n'importe qui. Il suffisait à l'époque de sortir dans la rue sans son passeport intérieur pour être raflé. Des enfants furent victimes de ces opérations de police aveugles, uniquement destinées à faire du chiffre. Toutes proportions gardées, les expulsions à répétition dans la France de 2008 ont des effets semblables. Les habitants de la Guadeloupe n'oublient pas qu'un petit garçon de 4 ans fut récemment renvoyé en Haïti alors frappé de plusieurs cyclones successifs, le préfet se retranchant derrière "les ordres". Mais revenons à L' ÎLE AUX CANNIBALES. On est frappé par l'impréparation de cette opération de déportation en Sibérie. Rien pour accueillir les victimes de ces rafles. Beaucoup moururent dans les wagons les emmenant en Sibérie comme ce sera le cas quelques années plus tard pour les raflés emmenés dans l'enfer des camps de concentration allemands. Les prisonniers de droit commun assassinèrent parfois les prisonniers politiques et il y eut des cas d'antropophagie, ce qui justifie le titre de cet ouvrage passionnant. Découvrez ce crime contre l'humanité trop longtemps occulté. Un document irremplaçable !
L' ÎLE AUX CANNIBALES de Nicolas Werth Tempus 248 pages 8 €
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