S'il appartient au passé, le terme BIRIBI symbolisa pendant plus d'un siècle les bagnes militaires, essentiellement basés en Afrique du Nord. Ces compagnies disciplinaires étaient déjà en activité sous la Restauration et, sous la monarchie de Juillet, le populaire général Bugeaud en fut un des propagandistes les plus durs. On y envoyait les déserteurs, les prisonniers de droit commun en fin de peine n'ayant pas encore accompli leur service militaire mais aussi les opposants au régime politique en place. Le roman homonyme largement autobiographique de Georges Darrien (récemment réédité chez Omnibus) permit à l'opinion publique de connaître ces corps spéciaux où seule l'obéissance à des gardes chiourmes sadiques permettaient éventuellement de survivre. On peut, comme Clémenceau, penser que la justice militaire est à la justice ce que la musique militaire est à la musique. Des voix s'élevèrent contre ces zones de non droit où la violence, les viols, les tortures étaient monnaie courante. Le journaliste Albert Londres fut, comme pour le bagne de Cayenne, celui qui dénonça avec le plus d'efficacité ce système.
Professeur à la Sorbonne et auteur d'ouvrages consacrés à l'histoire du crime, de la police et de la culture de masse en France, Dominique Lalifa nous propose avec BIRIBI un ouvrage admirablement documenté sur ces lieux de relégation où beaucoup mouraient. Ceux qui en revenaient furent souvent, endurcis par cette épreuve, les truands les plus impitoyables. Parmi eux, le célèbre Jo Attia. Découvrez à travers cet ouvrage un monde que l'on ose croire définitivement disparu.
BIRIBI de Dominique Kalifa Perrin 345 pages 21 €
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