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Un aperçu de ma collection de CDs et disques + mes chroniques (textes protégés par le code de la propriété intellectuelle, tous droits réservés)

Chronique de l'album "Desperate Youth, Blood Thirsty Babes" de TV On The Radio (2004)8/12/2017


Desperate Youth, Blood Thirsty Babes, deuxième album de TV On The Radio (Tunde Adebimpe, Kyp Malone, David Andrew Sitek) si l’on compte le désormais introuvable Ok Calculator, démarre avec « The Wrong Way », qui frappe tout de suite par sa dualité entre des sonorités cuivrées venant tout droit du free jazz et un continuum bruyant, dualité qui en amène une autre, celle entre un rythme rapide et des voix fébriles dont on se demande d’abord ce qui va en sortir et qui s’affirment rapidement dans leur registre soul. Ces deux dualités se maintiennent jusqu’au bout mais la deuxième a pris le pas sur la première. On n’a pas l’habitude d’écouter des chansons structurées d’une façon aussi singulière, à la fois simple et complexe, où des timbres instrumentaux appartenant à des horizons différents servent de trame de fond à la relation étroite qui se noue d’emblée entre la section rythmique et la dimension vocale. Cela en dit déjà long sur l’inventivité du groupe. Plus axé sur la mélodie du chant et sur le contrepoint vocal, « Starring at the Sun » enrichit progressivement les impulsions du rythme, suivies par la saturation. Après une introduction grave et sobre, la monotonie mélancolique des nappes sonores et le chant tourmenté de « Dreams » font route commune, avant de revenir au dépouillement initial, et ainsi de suite, décrivant une alternance classique autant qu’efficace, de plus en plus électrisée, finissant par gagner discrètement en intensité à tous les niveaux. Les murmures de « King Eternal », sur lesquels les instruments s’attardent dans un premier temps, amènent une batterie de plus en plus appuyée : c’est pour l’instant le titre qui exploite le mieux les contrastes entre les timbres, et la profondeur sonore ambiante assure en quelque sorte les arrières de ce choc musical permanent, en suggérant la possibilité d’une présence surnaturelle qui servirait, à la limite, de référence commune. Plus proche d’un chant figuratif et propre à assurer le rythme à lui seul, à la manière de Bobby McFerrin, « Ambulance » livre un aperçu convaincant du talent a cappella de cette formation décidément hors norme, dans le bon sens du terme, qu’est TV On The Radio. Plus rock mais sans se presser pour autant, « Poppy » dynamise la deuxième partie de l’album, finissant par réunir les techniques vocales du précédent « Ambulance » et des sons d’une tribalité agressive. Religieusement, « Don’t Love You » s’appuie sur une harmonie répétitive qui n’est pas sans rappeler Philip Glass ou Klaus Schulze. Il est décidément surprenant de réaliser à quel point, d’une chanson à l’autre, les références les plus inattendues nourrissent la cohérence du projet, basée sur des intonations soul d’une grande malléabilité. Si « Bomb Yourself », entre rock et reggae, retarde le moment de l’explosion, c’est pour mieux entretenir la tension d’une atmosphère qui se laisse découvrir, et c’est là que les guitares s’expriment avec le plus de justesse. Plus calme, focalisé sur la complémentarité entre le chant grave et le chant aigu, « Wear You Out » parvient à tenir sept minutes grâce au talent, toujours, et aussi grâce à une orchestration qui s’étoffe graduellement, de plus en plus intense. Il est étonnant que certains amateurs de hip-hop soul, déçus à juste titre par l’évolution globale de leur scène de prédilection depuis le tournant des années 2010, ne se réorientent pas davantage vers un groupe comme TV On The Radio, qui respecte mieux l’esprit de la soul. C’est peut-être parce que les amateurs en question préfèrent la culture hip-hop à la soul, ce qui n’est pas le meilleur choix car, objectivement, il faut bien admettre qu’aucun rappeur ni aucun producteur de hip-hop ne tiennent la comparaison face à la musicalité, si l’on se tourne vers le passé, d’un groupe aussi exceptionnel qu’Earth, Wind & Fire, l’une des influences majeures des membres de TV On The Radio, lesquels parviennent magistralement à concilier cette influence avec mille autres sources d’inspiration, depuis la pop jusqu’au hardcore en passant par la Jamaïque, tout en privilégiant, de façon permanente, la ligne directrice de chaque projet d’album, ligne directrice fondée sur la conscience intime d’une identité vocale à toute épreuve. Note : 8/10.


D. H. T. (08/12/2017)

http://www.dh-terence.com


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