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Un aperçu de ma collection de CDs et disques + mes chroniques (textes protégés par le code de la propriété intellectuelle, tous droits réservés)

Chronique de l'album "This Nation's Saving Grace" de The Fall (1985)7/12/2017


Après une introduction instrumentale à la fois sombre et mélodieuse signée par la talentueuse Brix Smith, qui met la guitare à l’honneur (« Mansion »), c’est un « Bombast » très punk, aux sonorités lourdes proches du hard rock et du heavy metal, qui contribue à ouvrir l’album sous les meilleurs auspices, un « Bombast » malheureusement parasité par des cris suraigus, semblables à ceux d’une chienne en chaleur ou d’un groupe de glam rock (et il y a lieu d’hésiter quant à savoir, entres les termes « chienne en chaleur » ou « groupe de glam rock », lesquels rendent la comparaison plus péjorative). Malgré ses irrégularités, « Barmy » ne manque pas d’intérêt car il parvient à préserver cette lourdeur de la section rythmique précédemment évoquée, lourdeur synonyme, en l’occurrence, de puissance sonore. C’est une autre lourdeur, synonyme cette fois de Mark E. Smith, qui enchaîne avec un « What You Need » caractéristique des goûts souvent douteux de son auteur, à savoir : vaguement expérimental, d’une répétitivité simpliste, une belle illustration de la fumisterie underground. « Spoilt Victorian Child », bien qu’également dû à l’intéressé, propose des variations plus convaincantes, allant de la violence d’une approche primaire et agressive du rock à des pauses réflexives non dénuées de spiritualité. Nettement plus pop, le presque instrumental « L.A. » montre ce que peut donner la collaboration entre Mark et son épouse Brix dans l’écriture d’un même titre, en termes de sens de l’équilibre entre les influences. Même remarque avec « Vixen », dont le souvenir du vieux rhythm and blues dans un contexte plus bruyant rappelle « Run, Run, Run » du Velvet Underground, tout en nous donnant le plaisir d’entendre chanter la charmante Brix. Le duo fonctionne décidément bien, si l’on en croit le rythme rapide et l’air entraînant de « Couldn’t Get Ahead ». En dépit de ses discontinuités, « Gut of the Quantifier » demeure un titre fort, percutant, qui s’efforce toujours d’aller droit au but avec hargne, apte à tenir la durée. La garde ne se meurt ni ne se rend, mais les intonations de Mark E. Smith sur « My New House » ne sont pas exemptes de dérapages hystériques (voir les remarques concernant « Bombast »). C’est l’éternel problème de la théâtralisation de la chanson, un problème plus général qui concerne aussi, par ailleurs, un groupe comme The Residents (dont tout ce que l’on a pu dire sincèrement sur l’aspect mythique finit par s’effondrer à cause des fautes de style qui passent peut-être l’épreuve de la scène, et encore, mais pas l’épreuve de l’écoute intime d’un vinyle ou d’un CD) ou, histoire de mettre la barre plus haut, un artiste comme Frank Zappa lui-même (lequel, dans un élan de lucidité extraordinaire face à ce travers dénoncé, avait fini par sortir un Shut Up and Play Guitar). Ce qu’un auditeur sensé attend d’un groupe, c’est de la musique et rien d’autre. Pourquoi ne pas conserver une telle attente dans le contexte d’un album de The Fall, quand un titre tel que « Paint Work » prouve à quel point Mark E. Smith et ses collaborateurs du moment ont le talent de générer des ambiances sonores, au sein desquelles toutes les contributions se complètent : vocales, instrumentales, bruitistes, mélodieuses ? Une ligne de démarcation apparaît ainsi sans équivoque, entre les fans du groupe qui perçoivent le bon côté des choses (le climat oppressant et l’atemporalité tribale d’ « I Am Damo Suzuki »), tandis que la majorité, à laquelle cette chronique ne donne pas systématiquement tort, n’y verra qu’une escroquerie conceptuelle à la Marcel Duchamp maladroitement transposée dans le monde de la musique. Les accords efficaces de « Petty (Thief) Lout » (dommage qu’il y ait autant d’interruptions) et le vieux rock and roll de « Rollin’ Dany » (que ne dément pas « Cruiser Creek », le titre de conclusion) aident la balance, en définitive, à pencher du bon côté. Néanmoins, après avoir utilisé deux batteurs en même temps (signe distinctif de la période initiée par Hex Enduction Hour), puis invité Gavin Friday à participer à The Wonderful and Frightening World of The Fall, Mark E. Smith et sa femme divorceraient quelques années plus tard, et le meneur du projet aurait bien du mal à convaincre, aujourd’hui encore, que la période 1982-1985 ne fut pas, tout simplement, la meilleure du groupe, au point de rendre anecdotique tout ce qui précéda et tout ce qui suivit. Comment prétendrait-il le contraire, puisque les fans eux-mêmes pensent que Hex Enduction Hour s’est maintenu au rang de chef d’œuvre de The Fall ? En fait, le chef d’œuvre de The Fall, s’il appartient bien à cette période, n’est ni Hex Enduction Hour, ni Perverted by Language, ni même le présent This Nation’s Saving Grace, mais The Wonderful and Frigthening World of The Fall, aussi bon que Hex Enduction Hour, avec un supplément de chaleur, de spontanéité, de musicalité qui fait toute la différence, sans être pour autant un coup de cœur. Parfois la note ne suffit pas à départager deux œuvres, surtout quand la note est la même dans les deux cas : les arguments aident à déterminer la préférence in fine, arguments qui plaident depuis le début en faveur, non pas de la posture ou de la personnalité, mais de ces cinq fondamentaux que sont l’inspiration, la composition, la coordination, l’interprétation et la production. Note : 7/10.


D. H. T. (07/12/2017)

http://www.dh-terence.com


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