BlogHotel.orgAccueil | Créer un blog | Imprimer la page Imprimer | Blog hasard Au hasard | Chercher des blogs Rechercher | Entrer dans le chat du blog Chat | | Jeux Jeux | Adminitration et édition du Blog Manager

LE BLOG DE L'HISTOIRE CONTEMPORAINE

• 6/2/2006 - 1909 Manifeste du Futurisme


1909
Le Manifeste du Futurisme


La littérature ayant jusqu’ici magnfié l’immobilité pensive, l’extase et le sommeil, nous voulons exalter le mouvement agressif, l’insomnie fiévreuse, le pas gymnastique, le saut périlleux, la gifle et le coup de poing.

Nous déclarons que la splendeur du monde s’est enrichie d’une beauté nouvelle : la beauté de la vitesse. Une automobile de course avec son coffre orné de gros tuyaux tels des seprents à l’haleine explosive… une automobile rutilante, qui a l’air de courir sur de la mitraille, est plus belle que la Victoire de Samothrace.

Nous voulons glorifier la guerre — seule hygiène du monde — le militarisme, le patriotisme, le geste destructeur des anarchistes, les belles idées qui tuent, et le mépris de la femme.

Nous voulons démolir les musées, les bibliothèques, combattre le moralisme, le féminisme et toutes les lâchetés opportunistes et utilitaires.

Nous chanterons les grandes foules agitées par le travail, le plaisir ou la révolte ; les ressacs multicolores et polyphoniques des révolutions dans les capitales modernes ; la vibration nocturne des arsenaux et des chantiers sous leurs violentes lunes électriques ; les gares gloutonnes avaleuses de serpents qui fument ; les usines suspendues aux nuages par les ficelles de leurs fumées ; les ponts aux bonds de gymnastes lancés sur la coutellerie diabolique des fleuves ensoleillés ; les paquebots aventureux flairant l’horizon ; les locomotives au grand poitrail, qui piaffent sur les rails, tels d’énormes chevaux d’acier bridés de longs tuyaux, et le vol glissant des aéroplanes, dont l’hélice a des claquements de drapeau et des applaudissements de foule enthousiaste.

Marinetti, Le Figaro, le 20 février 1909.




Commentaires (0) :: Lien Permanent

• 4/2/2006 - 1900 La Révolution Culturelle dans les Arts


1900-1914
 

une révolution culturelle



Dans les années précédant la Grande Guerre, la Belle Époque a vu se multiplier les innovations dans le domaine industriel. En allait-il de même dans le domaine culturel ? Comme la littérature et les arts plastiques sont usuellement sommés par les historiens de révéler l'esprit d'une époque, les témoignages de deux poètes —Marinetti et Apollinaire— et d'un peintre —Kandinsky— nous permettrons de nous demander s'il y a eu une «révolution culturelle» au tout début de ce siècle. Pour trancher, il nous faudra examiner en quoi ces artistes s'insurgent contre la tradition, et en quoi ils se veulent novateurs.

1 - Des artistes contre la tradition

Il ne s'agit pas de la culture orale populaire, mais d'un débat au sein de la culture des élites.

1.1 - Le rejet d'un art naturaliste.

Il ne s'agit plus d'imiter et de copier la nature: autant contempler directement l'original. La rupture est considérable : le souci de copier la nature au mieux a été généralement l'ambition des artistes dans le cadre de la civilisation chrétienne : l'homme pouvait-il surpasser ce que Dieu avait créé ?
Le portrait, le paysage et la nature morte sont passés de mode : il y a la photographie maintenant pour qui veut disposer du portrait ou du paysage. On ne peindra plus des campagnes anglaises comme Constable, des natures mortes comme Chardin, des portraits comme Ingres! Si la prudence d'Apollinaire s'oppose la violence des images de Marinetti et de Kandinsky, tous néanmoins veulent un réveil de l'art.

1.2 - Le rejet de l'art officiel.

Comme l'anarchiste dont la "propagande par le fait" attaque les autorités de l'Eglise et de l'Etat, l'artiste nouveau doit dynamiter les autorités artistiques et esthétiques, particulièrement celles que l'État finance : Marinetti se propose ainsi de démolir les musées et les bibliothèques que l'élite républicaine est fière d'avoir construits et ouverts pour des couches sociales plus nombreuses. Il critique tout naturellement les commandes de l'État aux artistes comme autant de lâchetés opportunistes. La subversion et la provocation du bourgeois ne sont par le choix du seul Marinetti: voyez le Père Ubu d'Alfred Jarry.

1.3 - Le rejet de l'art académique.

Les solutions des grands artistes des temps passés sont rejetées, nous dit Apollinaire, elles qui formaient le contenu de l'enseignement des académies des beaux arts. La condamnation touche la tradition plastique venue de Grèce dont la Victoire de Samothrace est l'archétype du raffinement. Apollinaire critique le rythme de la poésie grecque (et classique) : lui même fabriquera des Calligrammes.
C'est le refus des "pompiers" (cf Bouguereau), pâles successeurs de Michel-Ange ou de Raphaël. Les peintres montmartrois, groupés autour du "Bateau-Lavoir", dans leurs ateliers, préparent une nouvelle esthétique.

En effet ces artistes veulent faire «table rase» de l'histoire de l'art. Mais que proposent-ils ? Comme les solutions qui firent florès dans la seconde partie du XIXè siècle sont jugées dépassées, ces théoriciens de l'art construisent des systèmes dont le XXè siècle tirera profit.

2 - Des projets novateurs

2.1 - Un art tourné vers un vérité supérieure

La pauvre vraisemblance n'est plus le but à atteindre. Le vrai but est la quête de la 4è dimension, c'est-à-dire de la vérité ultime, la peinture pure, comme jadis celle du Graal, justifie les audaces selon Apollinaire qui fut l'ami de nombreuses peintres cubistes comme Picasso. Enfin, Kandinsky utilise les notions de révélation (puis que les nues se déchirent) et de mutation (ce blanc qui tout à l'heure était noir). L'ambition est grande puisqu'il s'agit d'atteindre et capturer la dimension de l'infini.

2.2 - Un art de création

Il est devenu banal d'utiliser le terme de "créateur" simplement pour désigner un artiste, et l'on parlera de peinture à la place de paysage ou de nature morte depuis que la réflexion sur la couleur a atteint un paroxysme avec le pointillisme de Seurat. A l'âge de la science —fierté des hommes de 1900 quand ils se comparent à leurs prédécesseurs— comment ne pas songer, pour créer les nouvelles formes, à utiliser un moyen qui ne vieillit pas, tel le langage mathématique et particulièrement celui de la géométrie qu'Apollinaire compare à la grammaire.

Remarquable est la formule caractérisant le cubisme, l'un des courants nouveaux : un Picasso étudie un objet comme un chirurgien dissèque un cadavre. Apollinaire a bien vu dans des toiles comme les Demoiselles d'Avignon ou la Femme à la guitare, que le cubisme procède à une destruction savante, à une autopsie créatrice, les formes connues de tous laissent la place à une réalité supérieure. Ainsi le peintre permet aux objets d'accéder aux proportions qu'ils méritent. La perspective, invention du début de la Renaissance (le Quattrocento italien), a en 1900 un avenir incertain.

2.3 - Un art résolument moderne.

Apollinaire répète l'expression art nouveau, entièrement nouveau, nouveaux peintres, etc. Kandinsky compare ces changements esthétiques à un nouveau printemps, donc à une Renaissance; si la peinture qui renaît avec lui sera abstraite, d'autres ne reculent pas devant la représentation de la civilisation contemporaine et de ses nouveautés. Dans le poème "Zone" (recueil Alcools  de 1913), Apollinaire écrit : «… Dieu qui meurt le vendredi et ressuscite le dimanche / C'est le Christ qui monte au ciel mieux que les aviateurs / Il détient le record du monde pour la hauteur…»: images modernes du sport et de l'exploit.

Marinetti a l'ambition non pas de changer la société, mais de créer de la poésie et du rêve à partir des objets de la civilisation industrielle : aéroplanes, paquebots, locomotives, viaducs, arsenaux, tuyaux, etc, sont requis pour contribuer aux nouvelles images pleines de vitesse, pleines d'audace comme ces usines suspendues aux nuages par les ficelles de leurs fumées. La prodigieuse puissance de l'homme du XXè siècle est donc célébrée par les arts; dès 1914 la guerre (hygiène du monde) étalera sa puissance destructrice. En 1917, Apollinaire est blessé sur le champ de bataille.

Conclusion :

L'importance de la rupture n'est pas niable, mais, à cette date, elle n'est connue que de quelques esthètes : l'avant-garde n'a pas véritablement réalisé une révolution culturelle avant 1914, il l'a entreprise, il a préparé les vastes transformations qui suivront la Grande Guerre. Le souci d'associer des éléments hétéroclites pour produire des alliances saugrenues d'images sera bientôt repris, dans les années vingt, par une nouvelle école alliant poésie et peinture : le surréalisme.            







Commentaires (0) :: Lien Permanent

A Propos

Histoire des révolutions du XXè siècle. Révolutions. Totalitarismes. Décolonisation. Transformations sociales et culturelles

Liens

Accueil
Voir mon profil
Archives
Email Moi


Historic
Mapero
Baroque et Rococo
Wodka
Des Cartes
La route des fresques
Michelet
Sfumato
Page 1 sur 30
Précédent | Suivant