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LE BLOG DE L'HISTOIRE CONTEMPORAINE

• 6/2/2006 - 1923 La crise en Allemagne



1923
LA CRISE ALLEMANDE

 Robert Lambel,
L’Illustration, 17 novembre 1923


    Depuis une semaine, des événements se sont produits en Allemagne qui peuvent inspirer de sérieuses réflexions sur la fragilité du régime républicain issu de la défaite de novembre 1918 et sur les chances d'une restauration monarchique, précédée ou non d'une dictature militaire : un coup d'Etat contre le Reich a été tenté, à Munich, par le général Ludendorff, et il n'a échoué, semble-t-il, qu'en raison des dissentiments intérieurs des monarchistes bavarois ; d'autre part, le kronprinz a quitté la Hollande où il résidait depuis cinq ans, sous une surveillance qui pouvait passer pour un internement avec l'aveu du gouvernement berlinois, il est retourné vivre dans sa propriété d'Oels, en Silésie.

    L'équipée de Ludendorff, par son immédiat fiasco et par les circonstances qui l'ont accompagnée, a pris, pour certains, l'apparence d'une révolution d'opérette. C'est en méconnaître quelque peu la signification. Les bandes armées et les organisations illégales, fanatisées par Hitler, existent toujours et n'ont pas renoncé à l'action. Extraordinaire figure, au reste, que celle de leur animateur, qu'on appelle parfois le Mussolini bavarois. Il n'est même pas Allemand, mais Autrichien, fils d'un cheminot, ancien ouvrier maçon et peintre en bâtiment à Vienne. En 1914, il avait vingt-cinq ans. Il se trouvait alors à Munich et s'engagea dans un régiment d'infanterie bavarois. Il y fut, comme caporal, décoré de la croix de fer de première classe. A la fin de la guerre, il fut gravement intoxiqué par les gaz et demeura pendant plusieurs mois aveugle et muet. Il était encore à l'hôpital lors de la révolution de novembre. Son rôle politique commença seulement en 1919, lorsqu'il se joignit à l'armée blanche qui délivra Munich des conseils. Quelque temps après, il fondait le parti national-socialiste. Au printemps de 1920, il avait groupé 4.000 adhérents. L'année suivante, le double. Aujourd'hui, au moins 60.000. Mais il manquait d'argent. Une grande dame balte, qui venait de réaliser un énorme héritage, lui en apporta. Elle lui permit de rendre quotidien son journal, le Vœlkischer Beobachter, et de multiplier son action. Hitler manque, pourtant, d'un programme précis. Cet autodidacte, gavé de lectures indigestes et de mentalité primaire, est violemment féru d'antisémitisme et partisan d'un Etat nationaliste et populaire. Prêchant l'action et la violence au service de la patrie allemande, il a longtemps manqué d'un programme positif et d'une conception politique. Il se bornait à combattre la démocratie et à exalter chez ses fidèles le sentiment national. Son alliance récente avec Ludendorff a toutefois puissamment accru son influence en ralliant à sa cause tous ceux qui travaillent à la restauration des Hohenzollern

    Ce fut aussi la raison de son échec. Le nationalisme bavarois, groupé autour du commissaire général von Kahr et du général von Lossow, voudrait, en effet, substituer aux Hohenzollern déchus la dynastie des Wittelsbach et le kronprinz Rupprecht de Bavière conserve à l'égard de Ludendorff une vieille rancune qui date de l'époque où, comme général d'armée, il recevait ses ordres. La faute commise par Hitler a été de croire qu'il pourrait, par l'audace de son initiative, entraîner von Kahr.

    Sur les faits mêmes qui se sont déroulés à Munich le 8 novembre et les jours suivants, il convient d'être sobre, car on ne possède encore, à leur sujet, que des renseignements. assez contradictoires et confus. Le coup d'Etat aurait débuté par l'irruption brusque de Hitler et d'une troupe de ses fidèles dans la grande salle de la brasserie Bürgerbrau, où se tenait un meeting politique contre le marxisme, auquel assistaient von Kahr et le premier ministre von Knilling. Imposant théâtralement le silence en tirant en l'air des coups de revolver, Hitler déclara le gouvernement bavarois destitué, fit arrêter M. von Knilling et proclama, au milieu d'une indescriptible ovation, Ludendorff dictateur du Reich. Il semble que von Kahr ait fait mine d'adhérer au mouvement afin de conserver sa liberté. Mais, dès le lendemain, avec la connivence du général von Lossow, il mobilisait la Reichswehr et la police de sûreté contre Hitler et Ludendorff, qui avaient établi leur quartier général à la Kommandantur militaire. Il y eut quelques engagements de rues qui firent une vingtaine de victimes et aboutirent à la déroute complète des nationaux-socialistes. Ludendorff, dont on assure que l’attitude fut piteuse, fut arrêté par un officier de la Reichswehr et enfermé dans un poste de police. Il fut, toutefois, remis en liberté quelques heures plus tard, après avoir donné sa parole d'honneur qu’il s'abstiendrait désormais de participer à un coup d'Etat. Mais, dans une interview accordée aux Dernières Nouvelles de Munich, il -a pris soin de préciser que cet engagement était, dans son esprit, provisoire. Hitler, qui avait réussi à s'échapper, fut, à son tour, arrêté le 11 novembre. Le gouvernement de M. von Knilling a repris le pouvoir et l'ordre a été rétabli.

    Dès le premier moment de ce putsch, le chancelier Streseman, appuyé par le président Ebert, avait pris, d ailleurs, une attitude énergique, décrétant hors la loi les fauteurs du coup d'Etat et investissant le général von Seeekt de pleins pouvoirs, à la tete de la Reichswehr, pour conbattre l’insurrection. Dans le même temps, néanmoins, le chancelier autorisait la rentrée en Allemagne du kronprinz, fils aîné de Guillaume II, et cette singulière mesure de bienveillance laisse beaucoup à penser sur ses intentions véritables. Autant qu'on en peut juger, le gouvernement de Berlin redoute la prépondérance croissante du mouvement national bavarois — celui qui a pour chefs le kronprinz Rupprecht et von Kahr — et il n'a pas laissé échapper l'occasion de lui opposer, le cas échéant, un Hohenzollern. (…)






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